Grande liane ébène, Carina capte tout de suite le regard. Et quand un large sourire étire son visage et plisse ses yeux, c’est un incroyable soleil qui semble vouloir vous réchauffer de ses rayons. Il y a à peine un an cette thérapeute spécialisée en médecine traditionnelle chinoise originaire de Guadeloupe apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. C’est un vrai choc pour cette adepte des médecines traditionnelles. Entre acceptation de soi, cheminement vers une nouvelle vie, cette magnifique jeune femme a rejoint l’aventure des Amazones de Guadeloupe en mars dernier. Avant cela, Carina avait déjà en pleine chimio, bousculé les codes en organisant et présentant une exposition photo retraçant son parcours à travers les clichés de l’artiste photographe Caroline Perrier. Une exposition qui lui avait valu un très bel article dans ELLE. Rien n’arrête Carina. Et la maladie non plus n’arrêtera pas ses rêves. L’un de ses désirs le plus cher ? Partir en pèlerinage en Inde afin d’y retrouver « son enfant intérieur ». Cette abymienne de 40 ans nous accorde une interview avant de s’envoler pour l’Inde.
1 095 € c’est la somme déjà récolté par notre Amazones guadeloupéenne Carina Guillaume pour son voyage de résilience de 21 jours qui débutera le 23 juin prochain.Tout a commencé le 26 janvier 2019, quand une de ses amies initie cette cagnotte pour l’aider à réaliser ce voyage en Inde. L’objectif de Carina est d’effectuer un parcours Ayurvédique dans un centre avec un médecin qui la prendra en charge.
Parle-nous de ce voyage ?
C’est un voyage de résilience, une halte dans le temps pour me ressourcer, me retrouver avec mon enfant intérieur, un moment de pardon à mon être, une reconnexion.Cette cagnotte a débuté le jour de mon anniversaire.
Peux tu nous parler du moment où tu apprends que tu es malade
C’est le 13 octobre 2017 que le diagnostic est tombé. J’ai appris que j’avais un cancer du sein après une biopsie. J’ai été paniquée. Quatre ans auparavant, ma mère avait eu un cancer du planché buccal, un cancer très rare donc le parallèle fut troublant. J’avais l’impression de reproduire le schéma de ma mère et sans trop réfléchir, j’ai pris un billet d’avion, départ le 19 octobre pour l’institut Gustave Roussi.
Parle nous de ton parcours de soins
J’ai subi une ablation totale du sein gauche, car j’ai eu un cancer canalaire infiltrant de stade 3. J’ai donc eu 6 séances de chimio puis 2 séances de radiothérapie et pour l’instant je ne souhaite pas faire le protocole d’hormonothérapie…
J’ai été soignée à Villejuif à l’Institut Gustave Roussi. Je dois saluer le travail de cette équipe car les infirmières ont été géniales, elles se sentaient néanmoins frustrées de ne pouvoir en faire plus. Elles m’ont fait part de leur désir d’être formées à mieux nous accompagner dans les différentes étapes de la maladie. Au départ j’ai refusé la chimio, car certes ce protocole guérit mais il attaque aussi des cellules saines. C’était compliqué pour moi d’admettre que je devais passer par ce traitement, imaginez, moi qui ne prend quasi jamais de médicaments et qui ais plutôt recours à des médecines traditionnelles ou médecines douces, quel grand écart ! Cela a finalement fait son chemin, et quand j’ai été prête, j’ai commencé le protocole.
Comment gère-t-on l’éloignement loin de chez soi ?
Être loin de chez moi, n’a pas été un handicap car c’était vital de me soigner, même si c’est vrai j’étais seule pour faire face au loyer, aux courses, aux transports etc. Pour mon amie, cela n’a pas été simple non plus. C’est très difficile pour l’aidant il faut aussi les accompagner, car ils vivent la maladie à travers nous.
La maladie m’a changé…
Je voyais déjà la vie différemment, un peu marginale et idéaliste mais cela a juste confirmé et révélé qui j’étais déjà. La maladie m’a changé, car le cancer est déjà un changement en soi, que ça soit dans notre entourage ou en nous. La question centrale est « que faut-il que je change dans ma vie et dans mon entourage ? ». C’est aussi une remise en question, « que dois-je apporter à mon corps, à mon être afin qu’il puisse grandir en harmonie » ? Et on apprend aussi à profiter du moment présent et à se dire que le reste on verra bien.
Quelles ont été les étapes les plus compliquées dans ton nouveau look ?
Je me suis préparée car j’avais des locks jusqu’aux fesses. Je les ai coupé à moitié dans un premier temps car on m’avait dit que je perdrais mes cheveux 15 jours après la chimio.
Finalement cela a été trois mois après. Cela dit quand j’ai vu deux locks se détacher, je suis allée voir la socio coiffeuse de l’institut Gustave Roussi qui m’a rasé et réconforté avec un petit massage de crâne divin et qui m’a fait un bien immense. Pour tout vous avouer, raser ma tête m’a fait bien plus mal que l’ablation de mon sein, ça m’a vraiment attristé. Depuis ça va beaucoup mieux j’ai découvert les cheveux courts et je kiffe (rires) ! Et puis c’est très pratique les cheveux courts, j’aime bien finalement. (rires)
As tu tes trucs et astuces à partager ? Par exemple pendant la chimiothérapie
Oui, je recommande le gingembre. J’en mangeais beaucoup à chaque nausée dûes à la chimio. Le livre du Dr Bagot aussi « Cancer et homéopathie Rester en forme et mieux »et aussi astuce beauté, beaucoup d’aloès pour le visage. Pour mes ongles du silicium et de l’acuponcture, de l’huile de ricin et de karapat pour les cils et les cheveux. Je donnais beaucoup de lumière à mon corps, maquillage et vêtements lumineux avec beaucoup de couleurs.
Lever les tabous ? Qu’en penses tu ?
En Guadeloupe c’est tabou alors oui il faut en parler, c’est très important de démystifier la maladie et les pensées négatives pour les malades et leurs proches, car on est juste des êtres humains et personne n’est à l’abri donc il faut avancer ensemble contre la maladie.
Et comment tu vas aujourd’hui ? Quels sont tes projets ?
Aujourd’hui je vais bien, même si j’ai encore des effets secondaires mais ça va. J’ai rencontré les Amazones et des personnes formidables à Paris qui m’ont aussi accompagné de manière remarquable. Et je m’apprête à réaliser ce voyage en Inde, je vais à la rencontre d’un parcours Ayurvédique dans un centre avec un médecin alors c’est vraiment que du bonheur. Cependant il me manque 300 euros pour boucler mon voyage, car le billet m’a coûté plus cher que prévu, mais je reste positive pour finaliser mon projet.
Et depuis octobre dernier jusqu’au mois de janvier prochain, je suis une formation en sophrologie spécialisée en oncologie et fin de vie et justement, d’ailleurs je cherche des personnes à évaluer, si ça vous dit !
Soutenez notre lumineuse Amazone! Aidez Carina à réaliser son rêve en participant à sa cagnotte en cliquant juste ici.
Propos recueillis par Anne Elizabeth Artsen