La période de l’adolescence est une période sensible comme nous le savons tous, car elle met en jeu de manière concomitante différents processus psychiques et quand, en plus, maman a un cancer alors là, les choses se compliquent d’autant plus à la maison… Notre psychologue Rachel Ferrere, vous donne quelques pistes pour en parler à votre ado…
Le jeune va être pris entre le besoin de s’autonomiser psychiquement et le besoin de se sentir toujours attaché à ses parents. Cette posture conflictuelle va de plus se jouer dans un période de remaniement identitaire qui s’inscrit dans les modifications physiques de la puberté.
L’adolescent va tour à tour passer par des mouvements de rejet et d’identification vis à vis des figures parentales. Les parents quant à eux sont parfois maladroits face à ces changements physiques et psychologiques, face à la distance relationnelle qui peut raviver chez eux des angoisses de séparation ou d’abandon non dépassées. Nous sommes donc dans une période à haut risque psychique pour tout le monde. L’arrivée de la maladie représente aussi une période de crise à la fois individuelle et familiale.
La maladie représente la rupture, la remise en question et va aussi générer des transformations physiques et psychologiques chez le parent malade et modifier l’organisation familiale en réquisitionnant les rôles des uns et des autres.
Des mots pour ses maux…
L’annonce de la maladie à un adolescent doit prendre en compte un certain nombre d’éléments : Tout d’abord il est important de savoir ce que l’on annonce et à quel moment. L’annonce doit se faire auprès du jeune, par le parent lui-même ou le couple parental une fois que le parent malade a lui-même intégré le diagnostic et digéré émotionnellement l’annonce. Il s’agit de donner une information qui comprend le diagnostic et les solutions, à savoir les traitements.
Annoncer un diagnostic n’est pas annoncer un pronostic, il faut donc se cantonner à « J’ai fait une succession d’examens, voici ce qu’ils ont révélé et voici ce que nous allons faire en termes de traitement et voilà ce que cela pourra changer dans l’organisation familiale pendant quelques temps. » Il est important de proposer à l’adolescent de poser des questions, néanmoins la plupart peuvent donner l’impression de ne pas entendre ou de ne pas réagir à l’annonce.
Ne vous y trompez pas, ils ne sont pas insensibles, mais il s’agit juste d’une réaction défensive face à leur angoisse. Il faudra enfin rappeler à l’ado que, ce combat ne repose pas sur ses épaules, mais bien sur les vôtres et qu’il n’est en rien responsable de ce qui se passe. Si vous en avez la possibilité, pensez à le renvoyer vers une personne adulte ressources, avec laquelle il pourra échanger autour de ses questionnements, car il y a peu de chances qu’il se tourne vers vous durant cette période pour partager ses angoisses. D’ailleurs, ses amis seront à ce moment-là un support psychologique important. Enfin, certaines mères peuvent être confrontées à des comportements agressifs de leur enfant suite à l’annonce.
Il peut être intéressant de consulter un psychologue pour comprendre ce que ces comportements traduisent : une colère vis à vis de la maladie déplacée sur le parent, une posture psychique parentale trop dépendante ou autre. Les familles monoparentales doivent veiller à ouvrir la cellule familiale à un ou des tiers adultes (famille, amis) pour ne pas se retrouver isolées dans cette situation.