Ce jeudi 17 janvier, l’association Atoumo organisait une journée découverte de ses activités à l’Institut Martiniquais du Sport. Nous avons reçu l’invitation à Amazones et on avait hâte de rencontrer cette équipe de soignants qui donne bénévolement de son temps pour accompagner les patients atteints de cancer à l’hôpital Clarac en Martinique.
« Atoumo la bien nommée »
Il est loin le temps où on ne parlait pas de soins oncologiques de support en Martinique. Désormais, non seulement les instances institutionnelles (GIPROM, ARS) s’emparent de la thématique, mais l’hôpital Clarac qui est un passage obligé dans le parcours de soins d’une personne soignée pour un cancer, est désormais doté d’un « arsenal bien-être »à la disposition du patient (Yoga, socio- esthétique, cours de make up, aromathérapie, toucher-massage etc…). On a pu voir des patients heureux qui ont eu tout le loisir de découvrir aujourd’hui à l’IMS la palette de soins qui leur est proposé au sein même de l’hôpital.
Pour le chef du Pôle hémato-uro- pathologie Patrick Escarmant, Atoumo est une réponse évidente à un besoin trop longtemps ignoré : « Atoumo la bien nommée, comme je l’appelle, ce sont des soignants qui vont au delà de leurs rôles de soignants pour s’impliquer dans le bien-être des malades. Cette approche a été négligée, voir même méprisée au profit des soins tels que la chimio, la radiothérapie, la chirurgie… On s’est rendu compte que ces soins de support, c’était capital pour que les malades suivent leurs traitements, pour obtenir la guérison, et qu’ils se sentent bien dans leur peau et dans leur tête. À l’hôpital vous savez, on peut perdre ses repères. je trouve cette initiative de nos soignants formidable »
Atoumo, atout coeur
Une fleur derrière l’oreille, un sourire lumineux et des yeux chaleureux, tout de suite la présidente de Atoumo, Floriane Saban donne le ton. Difficile de ne pas succomber au charme de cette jeune femme de 30 ans qui à la ville est infirmière à Clarac et se transforme en socio-esthéticienne dès qu’un patient en éprouve le besoin. « On veut apporter de la détente, du bien être, une pause pour le patient parfois perdu, boulversé par la maladie et les traitements qui peuvent être difficiles. »
Atoumo a commencé ses activités en avril 2018 et le succès a été tout de suite au rendez vous : » Les patients nous disent en général après leur soin: « c’est quand le prochain rendez-vous? ». Les collègues aussi remarquent le changement chez les patients quand ils reviennent en chimio ou dans les autres services. Et puis il y a le bouche à oreilles. Les patientes se parlent entre elles et se passent les bons plans. »
« C’est important, des initiatives comme celle là »
Viviane justement est une des patientes de Clarac qui bénéficie depuis le début de son parcours de soins, il y a 10 mois, du dispositif Atoumo. Traitée pour un cancer du sein, cette femme d’une cinquantaine d’années aux beaux cheveux blancs témoigne : » Atoumo ça nous aide. Entre malades on se passe les bonnes infos. Tout le personnel soignant est à notre disposition et bénévolement pour nous aider. C’est vraiment bien. »
Aurélie Anette, psychologue de la santé au CHUM qui a entamé la journée d’activités à l’IMS avec une conférence sur la sexualité développe: » Aujourd’hui, on s’est axé sur des sujets attendus par les patients, la sexualité, la relaxation, le sport… ». La psychologue explique le fonctionnement de l’association: » C’est Atoumo qui prend contact avec les patients et identifie avec eux leurs besoins et nous fixons ensuite les rendez vous. Il y a beaucoup de demandes. Nous essayons d’offrir un atelier par semaine minimum à chaque malade ».
Cette journée de jeudi à l’IMS est à marquer d’une pierre blanche. C’est la preuve par l’exemple que désormais la cancérologie en Martinique a intégré les soins oncologiques de support durablement sur sa feuille de route. Une orientation que le Chef de pôle souhaite renforcer en 2019 » Ce qu’on peut souhaiter pour 2019? C’est le développement de toutes ces approches « parallèles » que cette jeune équipe est en train d’initier, que l’on nous aide, notamment financièrement, à pouvoir faire cela ». Patrick Escarmant va même plus loin « J’aimerais que les associations de patients puissent être invitées à nos assemblés générales de pôle afin qu’ils puissent apporter leur contribution pour faire évoluer le pôle de cancérologie dans le bon sens ». Alors là, nous à Amazones, on dit : chiche!