Anaïs se considère comme une artiste visuelle et ne se limite pas à la peinture. Comme elle le dit si bien, elle s’autorise « à explorer d’autres médiums » et veut proposer un art vivant, qui a une âme et qui permet l’interaction.
Dessiner, devient, dès son plus jeune âge, son mode d’expression favori ; alors elle en fera son métier. Après une licence d’art classique, elle poursuit ses études en Martinique. Véritable autodidacte, Anaïs choisira d’oublier ses années d’études pour proposer un art qui lui ressemble. Enseignante en Art Appliqué pendant 2 ans, elle crée de 2006 à 2011 la boutique Afro Excentrik.
En 2011, elle réalise sa première expo à Ste Rose en Guadeloupe, et là elle démissionne pour devenir artiste professionnelle : « Ah, enfin. Depuis que tu es née on sait que tu es une artiste, on ne voulait pas te bousculer ». « Ça a été le premier électrochoc. Je me considère artiste professionnelle. Depuis 2013, je vis de mon art, des expositions, des collaborations et des salons… » Artiste dans l’âme, Anaïs est son art : « L’être que je suis est lié à la peinture que je crée. L’être guadeloupéen(ne) que je suis évolue en même temps que son art, pour moi, ça va de pair. »
Une philosophie comme mode de vie
Sa philosophie : « Viv vi aw, pa vann nanm aw », Vis ta vie, et ne vends pas ton âme !Ce slogan qui est né d’une phrase écrite sur un tableau noir, lors d’une fête organisée chez elle pour le jour de l’an. N’ayant plus d’inspiration à la 10ème résolution, elle écrivit ces mots qu’elle reprendra sur des T-shirts quelques années plus tard. « Cette citation a d’autant plus de résonancequand tu es artiste. Le challenge, c’est d’avoir l’opportunité de vivre de son art et en même temps de pouvoir créer dans son laboratoire, d’être libre de créer. »
En 2016, Anaïs se met en scène dans un autoportrait photographique hors norme et douloureusement prophétique. Son visage sanglé d’un masque blanc, au milieu d’un champ de bananes, sa poitrine nue est amputée d’un sein. A l’époque, Anaïs est bien portante, le verdict tombe plus tard, elle est atteinte d’un cancer du sein. Trois ans se sont écoulés depuis, l’artiste guérie est aussi devenue maman et entame ses deux nouvelles batailles : se réapproprier son corps et retrouver, pleinement, son rôle de mère et d’artiste.
« Aujourd’hui, je suis guérie mais même malade j’ai continué à travailler. » Anaïs souhaite mettre au service du plus grand nombre le pouvoir de l’Art-thérapie, en créant un laboratoire collectif dédié à l’Art de bien-être : « je me rends compte que l’art m’a beaucoup servie durant cette période et, à travers ce projet, je veux aussi permettre aux autres personnes d’avoir un moyen d’expression. L’art, c’est également une forme de bien-être où l’esprit n’est plus limité par le corps, où il peut se libérer, se projeter et qui dit se projeter signifie que tu es toujours en vie. »
Photo © Guillaume Aricique